À l’heure d’une surconsommation de plus en plus ancrée dans notre société, certaines entreprises doivent repenser leur système de production suite à l’apparition de différentes contraintes liées au gaspillage et aux déchets.
Ces contraintes peuvent être d’ordre environnemental (et donc de la législation qui s’ensuit), mais également d’ordre économique, notamment quand on sait que les cours des ressources augmentent plus rapidement que le PIB depuis plusieurs années. Au niveau alimentaire par exemple, nous considérons qu’un tiers de nos produits sont jetés ou gaspillés alors qu’ils étaient encore consommables.
Cependant, dans une démarche d’économie circulaire, nous pouvons démontrer qu’il est possible de donner une seconde vie aux différents produits jetés et/ou invendus.
Au-delà des différentes initiatives notables des associations qui ne cessent de faire preuve de créativité et de l’État, certaines entreprises l’ont déjà compris et ont usé de leur capacité à innover en créant des modèles capables de réduire toutes formes de gaspillage et déchets, tout en assurant leur développement économique et en gagnant en compétitivité.
Les principes de l’économie circulaire
Afin de comprendre simplement ce qu’est l’économie circulaire, nous pouvons le schématiser en le comparant à l’économie linéaire, en matière de cycle de vie des produits :
Aujourd’hui, notre société est majoritairement basée sur une économie linéaire. Le cycle de cette économie (linéaire, d’où son nom) est simple : produire, consommer, jeter. Comme nous pouvons le voir, l’économie circulaire, schématisée par une boucle (d’où son nom), intègre la réutilisation à la fin de son cycle, ce qui permettrait de « relancer la boucle » et d’éviter toutes formes de déchets en (re)valorisant son produit. Selon le type de matière ou produit, cette boucle peut se répéter à plusieurs reprises.
Mais pourquoi cette économie circulaire paraît-elle si importante ? Un des principaux intérêts de cette économie est de permettre la réduction des coûts (parfois très onéreux) liées au gaspillage ou à la production de déchet, tout en favorisation la deuxième (ou plus) vit d’un (Co)produit, d’une matière première… Cette nouvelle vie sera génératrice de revenus, tout en réduisant son impact sur l’environnement. Elle peut être l’une des solutions à la surproduction que l’on connaît.
Qui peuvent être les acteurs de demain ?
Les entreprises de production : l’exemple des coproduits
Certaines entreprises, durant leur production, produisent de manière inévitable une matière issue de la fabrication du produit principal. Nous appelons cela les coproduits. Nous pouvons prendre l’exemple de l’huile. Lors de l’extraction d’une graine, il y a bien entendu le contenu liquide qu’est l’huile, mais également un résidu solide issu de cette extraction, que l’on appelle le tourteau. Ce dernier, au lieu d’être jeté ou gaspillé, est en général destiné à l’alimentation animale pour confectionner de nouveaux produits, et il peut également être valorisé de diverses manières, même pour l’alimentation humaine.
Dans la production de jus par exemple, il y a souvent des résidus de pulpe ayant encore une valeur nutritive, et à l’instar des tourteaux, elle peut également être valorisée, en général pour l’alimentation animale. Là est un des principes de l’économie circulaire, c’est-à-dire de trouver une nouvelle utilisation à un produit ou une matière au lieu de la jeter. La finalité est d’utiliser ce cycle un maximum de fois avant le recours au recyclage et à la gestion finale du déchet qui permet de finaliser cette boucle, et ainsi d’exploiter un maximum le produit durant son cycle de vie.
Les entreprises qui repensent leurs matériaux et leur manière de concevoir
Avec l’avancée technologique, certaines entreprises permettent d’optimiser l’utilisation de matières premières tout en évitant le gaspillage et les déchets. Elles peuvent également permettre l’utilisation de matériaux alternatifs, pour faire face à la hausse du cours des matières premières. L’impression 3D est un excellent exemple pour illustrer ce modèle, pour la production de matériaux, et même plus. En effet, une entreprise du nom d’Apis Cor a réussi la prouesse à construire une maison de 38 mètres carrés avec l’impression 3D en seulement 24 heures, et pour un coût de $10134.
Les entreprises qui basent leur modèle économique sur l’économie circulaire
Certaines entreprises ont basé leur unique système de production, ou leur modèle économique seulement sur l’économie circulaire.
Au niveau alimentaire, nous pouvons prendre l’exemple de Re-Belle. Cette entreprise confectionne des confitures à partir de fruits et légumes invendus. Elle se fournit principalement auprès de supermarchés en récupérant leurs invendus. Cependant, les supermarchés ne donnent jamais les mêmes fruits et légumes en même quantité, ce qui laisse place à un renouvellement constant des recettes de confitures. Habituellement vendues en épicerie fine en fonction des invendus de supermarchés diverse, les confitures sont également vendues chez Monoprix. Les invendus et les fruits et légumes destinés à la perte chez Monoprix (en Île de France) font l’objet d’une revalorisation par Re-Belle, et ces confitures seront vendues spécialement dans tous les
Monoprix de la région parisienne. Pour Re-Belle, cela assure la pérennité de l’entreprise tout en leur offrant plus de visibilité, et Monoprix a trouvé une solution viable pour mieux gérer ses pertes tout en améliorant leur RSE.
La restauration peut également valoriser des pertes à leur échelle, et c’est le pari que le restaurant Simone Lemon a relevé. Elle est la première enseigne dans ce domaine à proposer une solution anti gaspillage alimentaire. Simone Lemon achète les invendus de producteurs locaux afin d’en faire des plats mijotés, où au final il n’y a plus cette esthétique une fois le produit cuisiné. Ce restaurant se base sur un modèle de buffets au poids en libre- service, où le consommateur peut se servir en fonction de son appétit. S’il ne finit pas, il aura l’option de ramener ses restes avec le principe du Doggy Bag. Enfin, la redistribution de l’excédent alimentaire est destinée aux sans-abri grâce à une association de quartier
Au Danemark, considéré comme un, si ce n’est LE pays le plus « vert » au monde, un supermarché du nom de WeFood a vu le jour, et ils ne vendent que des produits dont la date de consommation est dépassée (ce qui ne veut pas forcément dire péremption), ou si l’emballage est abimé. Les prix sont entre 30% et 50% moins chers que dans un supermarché traditionnel. Géré par une association (où les profits sont reversés à cette dernière), ce concept séduit et d’autres enseignes similaires pourraient bientôt voir le jour.
Au niveau local dans la Gironde, une entreprise du nom de Bordoléo récupère (gratuitement) les huiles usagées alimentaires, issues principalement de la restauration. Ces huiles usagées seront par la suite valorisées en biodiesel, considérées comme une alternative au carburant pour moteur diesel.
Les entreprises qui contribuent à la réduction du gaspillage / des déchets
Alors que les entreprises peuvent innover en repensant leurs produits, des solutions alternatives émergent grâce à l’essor de la technologie. En effet, des entreprises se sont créées dans le but de réduire le gaspillage alimentaire en développant des applications où l’utilisation sera diverse.
Nous pouvons prendre l’exemple d’OptiMiam. C’est une application mobile qui vise à manger moins cher tout en réduisant ce gaspillage. Certains commerçants produisent plus que ce qu’ils peuvent vendre (une boulangerie avec des sandwichs par exemple). Le but pour ce commerçant est à travers cette application de proposer des rabais sur les invendus, et de faire profiter un consommateur qui recevra une notification s’il est à proximité de l’établissement.
Il existe d’autres applications assez similaires, certaines étant plus spécialisées pour certains commerces, comme la grande distribution. Nous pouvons donc constater un modèle qui allie développement commercial et développement durable. Le vendeur évitera les pertes, attirera de nouveaux clients et réalisera des revenus qu’il n’aurait pas pu faire, tandis que le consommateur va pouvoir profiter de rabais sur des produits qui sont toujours de qualité. En plus d’être sur un modèle d’économie circulaire, nous sommes dans ce cas dans l’économie collaborative.
Les exemples d’entreprises innovantes sont nombreux, et ils sont encourageants pour repenser un modèle de production qui n’est plus viable sur le long terme. La partie environnement est évidemment importante, mais ces entreprises ont réussi à concilier cette partie à celle du développement économique, et prouvent qu’il est possible de transformer la gestion des déchets et le gaspillage en source d’innovation importante. De plus, cela peut être une option intéressante quand l’on sait que les entreprises sont de plus en plus sollicitées au niveau de leur responsabilité sociétale.
Ces solutions sont souvent synonymes d’avantages concurrentiels non négligeables. Ces visions peuvent paraître utopistes, mais elles commencent à prouver leur efficacité, et comme le disait John F. Kennedy en 1963 : « Les problèmes de ce monde ne peuvent être résolus par des sceptiques ou des cyniques dont les horizons se limitent aux réalités évidentes. Nous avons besoin d’hommes capables d’imaginer ce qui n’a encore jamais existé. »
[encadre3]Article de presse rédigé par les étudiants de l’IFAG Bordeaux, VIGEAN Romain, CARRARA Matthieu, MOREL Charlotte, EL KHARIF Myriam, FOUQUET Gabriel [/encadre3]
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